Etymologie et Histoire
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Histoires racontées sur Hénon
On a beaucoup parlé du 70ème anniversaire de l'appel du 18 juin 1940. Mais à l'époque, pour la majorité de la population, la bonne nouvelle était le cessez le feu du 17 juin, puis l'Armistice qui en suivi (22 juin). La « bataille » qu'engagea l'armée française ne dura « qu'à peine » six semaines mais fut d'une rare violence (environ 100 000 morts) et fit des dizaines de milliers de prisonniers? Ainsi, le relatif soulagement qui suivit l'Armistice fut de courte durée tant le retour des combattants se fit attendre. Près de 1 800 000 hommes sont faits prisonniers et pas seulement dans les unités combattantes ! Dans les casernes, les jeunes recrues, fraîchement incorporées, sont également « parquées » en attendant d'être transférées en Allemagne pour aller travailler dans les fermes ou les usines. Néanmoins, les pères de familles nombreuses, les soutiens de famille, les malades, les blessés furent libérés et purent rejoindre leurs proches.
Début 1945, un peu moins de 1 000 000 de prisonniers étaient détenus dans des camps appelés « stalag » (pour les soldats et sous-officiers) et « oflag » (pour les officiers qui n'étaient pas astreints au travail). Les soldats conservaient leurs tenues militaires avec peint dans le dos l'inscription KG (Kriegsgefangener) qui signifiait prisonnier de guerre.
Les soldats qui travaillèrent dans les exploitations agricoles furent surpris par leur modernité, au regard du modèle français de l'époque, bien qu'elles étaient de taille modeste. Ils n'en gardèrent d'ailleurs pas un mauvais souvenir.
Des années très mal vécues
Les libérations s'échelonnèrent sur plusieurs mois, surtout au printemps avec l'avancée des armées alliées, et s'accélérèrent après la capitulation du IIIème Reich le 8 mai 1945. Les camps libérés par l'Armée Rouge à l'Est seront eux le « théâtre » d'un recrutement contraint de certains prisonniers dont le profil (scientifiques, médecins, ingénieurs) intéressait fortement Moscou.
Pour les enfants nés en 1939-1940, le retour de leur père sera vécu comme la rencontre avec un père jusqu'alors incarné par quelques photos. Il faudra de longs mois pour les uns et les autres afin de « s'apprivoiser » ! Ces jeunes, et moins jeunes, hommes (entre 20 et 40 ans) ont d'ailleurs très mal vécu ces cinq années coupées du monde, et ce malgré les courriers et autres colis qu'ils chérissaient tant ! Ainsi, très peu parlèrent à leur retour de ce qu'ils vécurent (à part entre eux), peut-être par honte d'avoir manqué aux leurs, mais aussi et surtout, par manque de mots pour décrire l'indicible.
Alors, en mémoire de ceux qui nous ont quittés, et pour ceux toujours présent auprès de nous, fêtons également en cette année 2010, le retour de nos PG (Prisonniers de Guerre).
Nous célébrons le centenaire de la fin de la guerre 1914-1918, dite « La Grande Tuerie ». Voici quelques rappels :
- le samedi 1er août 1914 : ordre de mobilisation. Le tocsin résonne à 17 h.
- le dimanche 2 août 1914 : la mobilisation générale. Le service militaire étant de trois ans, les classes 1911, 1912 et 1913, qui sont dans les casernes, partent pour les frontières. 89 Hénonnais sont concernés. Ils sont remplacés par la première réserve : classes 1908, 1909 et 1910. Cela représente 81 Hénonnais.
Ensuite, les plus âgés, jusque 48 ans, sont appelés sous les drapeaux, soit près de 600 personnes. Les seules dispenses sont accordées aux pères de six enfants et plus, qui seront dans l’armée territoriale, évitant ainsi les premières lignes. 149 hommes (jeunes) de Hénon sont morts en un peu plus de quatre ans. Sur le monument érigé dans le centre-bourg, des noms de famille reviennent souvent.
Les régiments bretons n’étaient pas les seuls au front mais ils y étaient tous : le 71e régiment d’infanterie de Saint-Brieuc, le 48e de Guingamp, le 41e de Rennes, le 47e de Saint-Malo, le 70e de Vitré… Ils ont été presque anéantis dans les premières semaines. Pour la sanglante (et pire ?) journée du 22 août 1914, l’armée française a perdu près de 25 000 combattants. Par exemple, le 2e RIC de Brest avait un effectif de 3326 hommes au départ. Après la bataille à la frontière belge (Charleroi), ils n’étaient plus que 476.
Combien de jeunes Hénonnais ?
Sources : archives départementales série 1R, livre « Le tocsin de la moisson » (R. Laouanan), revue « Regards sur la région de Ploeuc » (n°27), Alain Gallais
Texte écrit par Guy Cheny
Au début de l'été 1957, M. Cresson, prospecteur de minerais (géologue ?), découvre par hasard sur une route communale une pierre « roulante » qui fait vibrer l'appareil de détection de radioactivité qu'il avait branché. C'était du granit.
On peut supposer qu'il connaissait un peu le sous-sol de la région. Rapidement il apprend que cette pierre provient de la carrière de Brémar qui aurait fourni de l'empierrement pour les routes. En cherchant dans les environs, il découvre une source dégageant du radon, gaz légèrement radioactif courant dans notre sous-sol breton, puis une deuxième source au Port-Martin. Cette fois beaucoup plus chargée.
Puis, plus haut, c'est le sol qui envoie des échos. C'est une grande joie pour le prospecteur. Les sondages de plus en plus profonds vont commencer le 9 octobre 1957 à la recherche d'un vrai filon. Certaines analyses sont prometteuses d'autres moins (de 0.5 % à 11 %).
Au printemps 1958, 250 tonnes de minerai avaient été extraites et transportées dans la région de Nantes. L'acheminement du minerai créant une dynamique à Hénon comme l'atteste l'achat d'un camion par Jean Thérin qui emploiera comme chauffeurs Jean-Louis Ecobichon puis Marcel Veillon. D'ailleurs, plusieurs ouvriers originaires ou habitants Hénon ont travaillé dans les différents puits de la mine dans des conditions de travail précaires (Pierre Tanguy, Marcel Moisan, René Basset, Robert Rebours, Pierre Morin, Alexandre Houée, François Latouche, Pierre Lebreton, André Ruellan, Bernard Gicquel).
Ainsi, en cette fin des années 1950, où l'électrification des campagnes était en cours d'achèvement, M. Cresson était très optimiste sur la possibilité d'indépendance énergétique de la région grâce à l'uranium découvert au Port-Martin. L'exploitation de la mine s'arrêtera néanmoins en mai 1961, le rendement en uranium étant insuffisant, et le puits sera comblé par l'entreprise Leclerc de Ploeuc.
C'est le 8 octobre 1876 qu'eut lieu la première inhumation dans le cimetière actuel. Il est d'ailleurs à remarquer que pendant plusieurs semaines il n'y eut aucun décès sur la commune. Personne, semble-t-il, ne souhaitait « l'étrenner ». Ce fut Mademoiselle Loncle des Alleux qui eut cet « honneur ».
Avant de commencer la nouvelle église, il fallait démolir ce qui restait de l'ancienne. La grande partie des pierres fut ainsi employée dans les fondations. De larges canaux construits en pierres sèches recevaient quant à eux les eaux de pluie.
Profitons de ce rappel à l'ancienne église pour évoquer l'église qui aurait existé à la Croix d'Aval. En effet, on ne retrouve aucun écrit, même sur les registres paroissiaux remontant jusqu'au XVIème siècle. Pourtant, quelques indices nous laissent penser qu'elle aurait bien existé. Tout d'abord, la « fontaine du recteur » (cette dernière supprimée dans les années 1960) se trouvait sur la route de Moncontour à environ 80 mètres après la croix. D'après Vincent Ruellan, figure très connue à Hénon, ses parents en creusant pour les fondations de leur maison (à côté de la croix) trouvèrent des ossements. Or, il était courant que les cimetières se trouvaient aux abords des lieux de culte. D'autant que dans le champ où se trouvait encore il y a peu la pharmacie (propriété de la famille Hervé de la Salle en Hénon), un buste de Saint-Gobérien aurait été mis à jour (ce dernier se trouvait encore à la fin du siècle dernier chez les frères Davy).
Une superficie importante
Cette digression ouvrant à de futures recherches terminée, revenons à notre « nouvelle » église. Des maçons de Hénon ont travaillé à l'édification de l'église : les entreprises Berthelot du Beaucadalu et Corbin du bourg. Celles-ci « montaient » les mûrs de millons (maçonnerie ordinaire), tout ce qui relevait de l'aspect architectural étant assuré par l'entreprise de maçonnerie Bellec. Ces artistes étaient essentiellement des italiens qui logeaient à la « Basse Ville » rue des Près Rio (bâtiment qui fut acheté par la suite par la famille de Roger Hervé).
La longueur totale de l'édifice est de 52 mètres intérieur sans les sacristies (ces dernières ont un « développement » de 53 mètres). La largeur au niveau du transept est de 27 mètres et la hauteur extérieure de la corniche est de 15,90 mètres. La surface de l'édifice est donc considérable puisque sans la sacristie elle atteint 828 m² ! La hauteur totale de la tour quant à elle est (en dessous du coq) de 50 mètres !
Le gigantisme caractérise l'église de Hénon et impose son rayonnement aux autres communes. La statue de Saint-Pierre qui domine le chevet de l'église en est l'illustration, car selon l'Abbé Bourhy, son bras tendu vers Moncontour, devait « empêcher les habitants se trouvant à l'étroit dans leurs remparts de s'accaparer les villages les bordants », rappelant ainsi la lutte entre la conservatrice Hénon et sa rivale républicaine qu'était Moncontour.
Par ailleurs, si les proportions de l'église impressionnent, les délais pour sa construction sont eux aussi remarquables ! En effet quatre ans après sa mise en chantier l'église était terminée et fut consacrée par Monseigneur David, évêque de Saint-Brieuc, en 1881 ! Néanmoins, si les paroissiens étaient à l'abri pour les offices, l' « habillage » de l'église se fit petit à petit au gré des dons et des moyens de la « fabrique ». Ainsi, les vitraux en 1887 (sur lesquels on peut lire les noms des donateurs), trois cloches en 1891, la chaire en 1894, l'horloge en 1894, le chemin de Croix en 1897, vinrent « habiller » l'église.
Des relations tendues
L'agrandissement du maître hôtel quant à lui avait pour but « d'abolir » un privilège selon l'Abbé Bourhy. En effet, ce dernier trouvait trop majestueuse la chapelle Saint-Anne dans l'architecture de l'église comparativement à l'ancien maître hôtel. L'Abbé Bourhy y voyait même l'expression de la main mise et des privilèges que s'accordait le maire de l'époque sur « son église ! ». Le religieux ne devait toutefois pas oublier que sans la volonté, la pugnacité et l'aide financière du maire de l'époque, jamais il n'aurait pu célébrer ses offices dans un tel édifice !
On imagine facilement que les relations entre le maire et l'Abbé Bourhy étaient tendues. Le religieux reprochait d'ailleurs à l'aristocratie hénonnaise « d'habiter des sphères supérieurs et de vivre de souvenirs » et qu'elle « laisse trop percer sa tendance à une domination hautaine que l'état d'esprit actuel n'accepte pas ». L'expression de cette « domination » se retrouvant dans l'église dans la disposition des « pries-dieu » du haut de la nef pour les riches donateurs vers le bas de l'église pour les indigents ou par la classification des cérémonies (baptêmes, mariages ou obsèques) en 1ères, 2èmes et 3èmes classes.
En fait, l'Abbé Bourhy regrettait surtout que toute discussion au sujet de l'église avec le maire était impossible au risque pour lui de passer « pour un esprit révolutionnaire » ce qui au regard de son aversion pour les moeurs des habitants du Haut Hénon, de Saint-Carreuc et de Moncontour pouvait paraître selon lui une hérésie.
Ce n’est que depuis la révolution de 1789 que l’on trouve trace de vie sur les registres municipaux dans toutes les communes. Avant cette date, c’est le clergé qui tient l’état-civil à jour. Si vous tenez à faire votre arbre généalogique au-delà, ce sont les registres paroissiaux qu’il faut consulter. De ce fait, pour officialiser votre mariage avant la révolution, il fallait passer par l’église. Il est en outre difficile pour les recherches d’aller au-delà de 1600 car c’était, avant, plutôt facultatif. Il a fallu deux ordonnances royales, l’une de 1579 et l’autre de 1593 pour y mettre bon ordre en obligeant les curés des paroisses à tenir des registres de baptêmes et de sépultures mentionnant les patronymes et les prénoms puis les mariages.
1ère municipalité le 1er février 1790
C’est ainsi que l’état-civil est né. A Hénon, ça n’a pas été appliqué immédiatement : pour les baptêmes, l’on ne trouve trace qu’en 1595, pour les mariages et les sépultures 1636-1637 (1). Donc c’est en 1789 que les 36 000 communes de France ont été créées pour remplacer les 36 000 paroisses par un décret de l’assemblée révolutionnaire.
La première municipalité de Hénon date du 1er février 1790. Le nom de la commune de Hénon fut officialisé le 27 octobre 1801 sous le consulat de Napoléon Bonaparte. Le premier maire de Hénon se nomme François Le Hérissé. Il habite au manoir de la Mare. Son premier adjoint est Olivier Gibet du Bas-Guerland. La commune est administrée par un corps municipal de six membres (maire, adjoints, procureur et greffiers) ainsi qu’un conseil général de douze membres que l’on appelle des notables. Tous sont élus pour deux ans par les citoyens actifs ayant plus de 25 ans, domiciliés dans la commune depuis au moins un an, payant des contributions et n’étant pas domestique pour éviter que ceux-ci ne subissent des pressions directes de leurs employeurs. Les femmes quant à elles ne votaient pas. Ainsi, sur une population de 2600 habitants environ à cette époque, 250 à 300 personnes étaient susceptibles de voter.
Déclaré maire à la fête de la souveraineté
En octobre 1793, nous assistons à une dissolution de la municipalité. On reproche à celle-ci son incivisme notoire et son plus ardent amour pour l’ancien régime. Le directoire du département nomme une commission municipale et désigne Jean Boênet (Boinet) de l’Aunay-Rouault comme maire. A partir du 1er novembre 1793, les actes d’état-civil sont signés de François Berthelot, curé assermenté et officier public, puis après quelques mois par Pierre Richecoeur.
La constitution du 5 frutidor an III (1795) supprime les municipalités dans toutes les communes de moins de 3500 habitants et crée les municipalités de canton. A Hénon, il n’y a plus qu’un agent municipal (Jean Boinet) et un officier d’état-civil. La municipalité formée par des agents municipaux se trouve à Plédran puisque Hénon, à cette époque, fait partie non pas du canton de Moncontour mais de Plédran. S’en suit une période assez floue où l’on trouve trace d’Olivier Gibet déclaré maire en 1798 à la fête de la souveraineté du peuple le 20 mars.
Pas de maire de septembre 1853 à mars 1854
Les municipalités ne renaîtront dans leur forme actuelle que sous le consulat en 1800. Le maire de Hénon à ce moment là est Mathurin Denis. En 1808, le citoyen Héméry des Mézues est nommé maire. Il le restera jusqu’en 1816. Viendront ensuite (2) : Louis Vesdelou, Marquis de Bédée, de 1816 à 1830, Richecoeur père de 1830 à 1832, Richecoeur fils de 1832 à 1848, Emmanuel du Merdy de 1848 à 1851 et De Beuzon (ou Beuzan) de juillet 1852 à septembre 1853.
De septembre 1853 à mars 1854, il n’y a pas de maire. Les adjoints signent à tour de rôle les registres d’état-civil. Suivront ensuite d’autres maires : Jean Morin du Nil de mars 1854 à juin 1859, Harscouet des Mézues d’août 1859 à juillet 1865 et Joseph Le Hérissé du Pont-Joret de septembre 1865 à mars 1871. Emmanuel du Merdy fut élu maire pour la seconde fois en mai 1871. Il mourut subitement en novembre 1872. Louis Espivent de la Ville es Boinet est nommé en décembre 1872 et mourut en 1906. Voici enfin les maires depuis le 20e siècle : Alain De Lorgeril de juin 1906 à 1944, Jospeh Espivent de Catuélan de 1944 à 1960 et Jacques de Catuélan de 1960 à 1977. Depuis 1977, Georgette Bréard serait donc le 18e maire depuis la création des municipalités.
(1)Source : Arbres et Racines de François Le Hérissé. (2) Source : Histoire de Hénon d’Alain De Lorgeril.
Parmi la quarantaine d’articles qu’il a rédigés pour la « Voix de l’Armel », Pierre Corbin nous a conté dans le détail « La construction de l’église ». Les principaux acteurs de cette mise en œuvre ont été Antoine Rio (comptable) ainsi que Messieurs Maignan (architecte) et Bellec (entrepreneur).
L’édification d’une nouvelle église paroissiale a été décidée le 23 juillet 1876 par une réunion du conseil municipal et consultation du maire Louis Espivent de la Villeboisnet résidant au château de Catuélan. L’ancienne et très petite église de Hénon, sise à l’emplacement de l’actuelle, et accotée à son cimetière, a brûlé dans la nuit du 8 au 9 juillet 1876, après 100 années d’existence.
Pendant ce temps, le Comte de Lorgeril a cédé pour la construction d’un autre cimetière un terrain de 36,80 ares, situé rue de l’Armel, et appelé « le Lonchaie ». Les premières inhumations eurent lieu fin 1876. La dernière résidence de chacun et chacune de nous ne fut clôturée qu’en 1894 par un mur qui a coûté 6000 francs.Concernant l’église, le montant global des travaux fut d’abord estimé à 234 000 francs, comprenant un don exceptionnel de 80 000 francs apporté par la famille de Catuélan.
Lorsque l’église fut terminée, restaient encore à régler 50 000 francs. La commune résolut ce problème financier via un emprunt soldé en dix ans fin 1890 (en 1880, le budget annuel de la commune était de 10000 francs). Ces Messieurs n’étaient guère aidés par le recteur de l’époque l’Abbé Moisan que la moindre « chipoterie » mettait en larmes.
Donc, la première pierre de cet édifice fut posée le 1er octobre 1876, et la monumentale construction vit sa consécration ainsi que son premier culte le dimanche 6 novembre 1881. Cinq années s’étaient écoulées.Durant la construction du site religieux hénonnais, les blocs de granit étaient entreposés dans un champ situé face à l’actuelle salle Cézembre, et au pignon de l’ex-bistrot de Nanon de la Jules, un commerce devenu l’emplacement de la mairie. Cette femme était également propriétaire des deux parcelles contiguës (le futur terrain de foot de l’Armel) dégagées au bulldozer vers 1960.
L’église de Hénon se voit de très loin, en ce sens que le maire de l’époque voulait que ça en jette. Après en avoir visité plusieurs dans un très large rayon, il fixa son choix sur celle de Machecoul (Loire-Inférieure). Deux clochers pour cet édifice de style gothique, un seul pour le monument hénonnais.Alain Gallais détient de très précieux documents historiques et photos concernant Hénon, ne serait-ce qu’un cadastre datant du XIXe siècle.Machecoul est la petite ville où est située l’usine des cycles Gitane. L’équipe Renault-Gitane fut celle de Bernard Hinault (managé par Cyrille Guimard) qui, en 1978, a gagné son premier Tour de France.
Texte écrit par Jean-Alain JanninComme tous les jours de l'année « le bedeau » Jean Clausse se rendit à l'église en ce dimanche du mois de mai 1947 pour sonner l'Angélus à cinq heures (heure solaire). En entrant dans l'église, il fut surpris de voir un nuage de fumée dans la nef. Intrigué, il remonta jusque dans le choeur. Ne voyant rien de suspect, il rentra dans la Sacristie. Et là, il s'aperçut que le grand meuble qui se trouvait au centre était en flammes !
En ouvrant la porte, il y eut un appel d'air qui activa le feu. Heureusement, en appelant aussitôt les pompiers, le feu fut maîtrisé assez rapidement. Il évita ainsi sa propagation. Mais hélas, tout ce qui servait à l'exercice du culte (dont les habits sacerdotaux) fut fortement endommagé voire détruit ! Plus question de célébrer la messe.
Des enfants de choeur responsables
D'ailleurs, à cette époque, il y avait trois offices le dimanche : un à 6h30, un à 10h à la Chapelle du Colombier et la « Grand Messe » à 10h (heure solaire). Dans les fermes la messe du matin était pour ceux qui étaient de « garde ». Ceux qui étaient de « Grand Messe » avaient quant à eux quartier libre tout l'après-midi.
Comment le feu s'était déclaré ? Un court-circuit ? Impossible ! En effet, il n'y avait pas encore d'électricité au bourg de Hénon, les premières maisons bénéficiant de l'électricité qu'à partir de 1948. Un acte de malveillance ? A cette époque la question ne se posait même pas ! Quelques jours après le sinistre, la Soeur Marguerite qui enseignait à l'école « des filles », interpella les deux enfants de choeur qui étaient de service la veille de l'incendie : « C'est de votre faute mes petits chenapans si le feu a pris dans la Sacristie ! »
Protestations et indignations des deux accusés qui nièrent bien évidemment. Pourquoi les avait-elle accusé eux en particulier ? Souvenez-vous, l'incident eut lieu en mai (« le mois de Marie ») et à cette époque, tous les soirs à l'église, il y avait une cérémonie en l'honneur de « la Vierge ». Les fidèles étaient alors bénies non seulement avec de l'eau bénite, mais également avec de l'encens (qui ne sert de nos jours que pour bénir le corps des défunts).
Toute une nuit de propagation
En effet, lors de la cérémonie les enfants de choeurs se rendaient à la Sacristie pour allumer le charbon que l'on mettait dans l'encensoir. Pour ce faire, on prenait un morceau de charbon qu'on tenait au dessus de la flamme d'une bougie pour que le feu prenne dedans (ce que firent chacun des deux enfants de choeur). Ainsi, en chahutant, ils ne se rendirent pas compte que le temps passait et que le recteur, l'Abbé Vaugarny, les attendaient. Il entra alors en trombe dans la Sacristie et cria : « Qu'est-ce que vous faites ? On vous attend ! Et pourquoi en avoir allumé deux ? Un seul suffit ! ».
Aussitôt, un morceau de charbon fut mis dans l'encensoir et l'autre remis dans sa boîte. Boîte remise dans la grande armoire sans avoir préalablement éteint ledit morceau de charbon ! Et c'est ainsi que le sinistre s'est propagé toute la nuit à « feu mort » au départ pour se développer le matin. Le recteur ne reprocha jamais aux enfants de choeur leur bêtise se sentant peut-être en partie responsable.
Mais au fait, qui était ces deux « chenapans » qu'accusa soeur Marguerite ? Après tout l'on peut les dénoncer maintenant puisqu'il y a prescription ? Et bien sachez que l'un deux était tout bonnement l'auteur de cet article ?
C'est le 7 septembre 1863 qu'arrive à Saint-Brieuc le premier train venant de Paris. L'ouverture complète de la ligne Paris-Brest a lieu quant à elle en avril 1865. En 1894, le département des Côtes-du-Nord décide de se doter d'un réseau de chemin de fer dit à « voies étroites » (1 m entre les rails) qui permettra de dynamiser les échanges commerciaux entre l'intérieur des terres (lieu des productions agricoles) et la plus « riche » et peuplée côte (où les paysans se fournissaient en engrais marins).
Ainsi, la question du désenclavement de la région était clairement posée, puisque jusqu'à lors nos campagnes vivaient au rythme du cheval. Le « cheval vapeur », quant à lui, avait ses détracteurs qui redoutaient le bruit et la vitesse « excessive » de ce dernier qui n'atteignait pourtant que de 25 Km/h ! Le Conseil Municipal de l'époque ne verra pas l'arrivée du train sur Hénon comme une menace mais plutôt comme une véritable opportunité, en témoigne l'extrait suivant tiré du registre des délibérations du 30 mai 1894 : « à l'unanimité (les conseillers) souhaitent qu'il (le train) se dirige (de Hénon) sur la gare d'Yffiniac avec prolongation aux grèves. C'est l'avenir de notre contrée qui en dépend ! ».
Point de départ du désenclavement de la commune, cet acte fort des élus de l'époque conduira à un arrêté de « déclaration d'utilité publique » le 12 mars 1900 pour la création de la « ligne » comme on l'appelle encore aujourd'hui. Seulement, la réalisation des quelques 4 715 m qui reliaient Quessoy à Plémy nécessita l'acquisition par expropriation par le département maître d'oeuvre des travaux de 31 parcelles sur Hénon.
Un projet contesté
De nombreuses familles dont les descendants ont encore leurs attaches sur la commune (du Plessis de Grenedan, Rault, Lagrée, Hamon, Rouxel, de Lorgeril, de Gouzillon de Belizal, Le Boulanger, Rio) furent indemnisées à des degrés divers (de 1 000 f de l'époque à près de 10 fois plus pour les plus grands propriétaires fonciers). A titre de comparaison vers 1900 un vélo valait 500 f ; soit, selon l'historien Eugen Weber dans son livre intitulé « fin de siècle » : « deux mois de solde d'un sous-lieutenant, ou trois mois de traitement d'un instituteur ». Le Conseil Général des Côtes du Nord ne se montra donc pas trop « pingre » avec nos hénonnais expropriés. »
« Des schémas à la réalité il y a un « monde ». Et c'est sûrement ce que pensèrent les hénonnais qui connurent les grandes heures de la construction de « la ligne » ! Car voyez-vous, si les plans (base de l'indemnisation) prévoyait une largeur maximale de 3.90 m pour la voie, elle atteignait en fait par endroit prés de 6 m ! Les réclamations ne manquèrent donc pas d'arriver, et poussèrent parfois les plus opportuns à faire pression pour obtenir quelque chose en compensation : l'achat d'une maison qui se trouvait enclavée ou la demande d'utilisation de l'aqueduc reliant Hénon à Plémy pour faire passer une conduite d'eau qui desservirait le château des Granges. Toutes ces péripéties n'empêchèrent pas la ligne de Saint-Brieuc à Moncontour d'ouvrir son service aux passagers et aux bagages le lundi 1er mai 1905.
Le train inaugural quitta l'agglomération briochine à 6h15 avec une vingtaine de voyageurs à son bord, et arriva près des remparts de la cité médiévale voisine à 7h53 précise ! Et ce sans le moindre accro ! Quatre trains journaliers fonctionnèrent dans les deux sens à cette époque et amorcèrent le développement économique de Hénon avec l'ouverture d'un service de marchandises en station de Beau Soleil avec la réalisation d'une voie de garage.
Ainsi, les marchandises de tous poids purent transiter par la commune et le courrier arriver en des temps records, ce qui était un véritable « privilège » pour l'époque. Et quand les modifications des horaires des trains au printemps 1917 entraînèrent un retard de 24h dans la réception du courrier, Monsieur de Lorgeril, maire de Hénon, pris sa plus belle plume pour montrer son mécontentement.
Ça bloque sur « la ligne »
L'arrivée d'un tel symbole de la modernité entraîna de vives réactions ; grincheux et malicieux s'en donnèrent à coeur joie ! Voyez plutôt : Tentative de déraillement à l'aide d'une « méchante » pierre à Plémy, saindoux mis sur les rails par des garnements entre Beau Soleil et Moncontour ! Alors quand les animaux (« tamponnement » entre une vache et un train entre Beau Soleil et la gare de Bréhand entraînant une contravention pour Joseph Latimier son propriétaire) ou la technologie (plombs des fusibles de la locomotive qui fondent à cause d'un défaut d'alimentation de la chaudière) s'y mettaient également, il ne restait plus aux passagers qu'a admirer le paysage pour passer un peu le temps.
Tous ces petits désagréments n'empêchèrent pas « la ligne » de prospérer jusqu'au printemps 1937. Elle s'arrêta le 1er avril mais, malheureusement pour les amoureux du « petit train », ce n'était pas une plaisanterie.
Maladrie ou Maladrerie, Corderie ou Caquinerie, autant de noms de lieux qui évoquent des villages réservés aux descendants des lépreux. La Maladrie en Hénon était effectivement une Corderie ; ses habitants exerçaient tous le métier de cordier qui leur était assigné. Mais, en tant que descendants de lépreux, ils avaient leur cimetière à proximité. Hénon avait aussi sa petite Caquinerie au faubourg de la Vallée, près de la chapelle de la Madeleine. Tout cela remonte au Moyen-Âge. Pour le XVIe siècle, ça commence à se préciser ; on lit dans un document de 1553 : « chemin de Froitabrit à la Maladrie » et « ruisseau qui descend du Moulin de Robinot au Moulin de la Maladrie ».
Mais c’est au XVIIe siècle, avec les premiers registres de sépultures, que nous saisissons le mieux ce qu’était la Maladrie. Ainsi en 1638 : « Jean Denis, cordier, décédé le 1er jour d’avril, inhumé au lieu où ont été accoustumés d’être inhumés ses ancestres, près de leur village ». Cette tournure en vieux français indique bien que le cimetière de la Maladrie a déjà connu plusieurs générations de cordiers. La même tournure va se répéter jusque 1700 environ, avec d’autres familles, des Ballusson, des Corlay, des Tastivint, des Touénon, tous cordiers ou cordières. Un acte de sépulture de 1648 précise encore mieux la coutume : « Le 22e jour de mars, Jeanne Corlay, cordière, décéda, et le lendemain son corps fut inhumé au lieu où ses ancestres avaient accoustumé d’être ensépulturés, jouste auprès de leur maison ». On imagine que le cimetière des cordiers occupait tout simplement un coin de la cour ou un bout de jardin.
1851, finis les caquins puis les cordiers
Ces cordiers travaillaient le chanvre, qu’ils devaient mettre à rouir dans la rivière, près du moulin. Ils cordaient les fibres à la main ou peut-être avec des instruments rudimentaires. Quelques-uns ont vécu vieux : en 1669, décès de Marguerite Denis, cordière, 70 ans ; en 1688, décès de Guillemette Touénon, cordière, 80 ans. Mais il y a aussi des décès d’enfants. Un acte de 1689 nous ramène à la Caquinerie : « Décès de M. Plétan, cordier, demeurant à la Vallée, en Hénon, enterré au village de la Maladrie ». Cet acte nous indique bien qu’il y avait un lien entre la Caquinerie de la Vallée et la Maladrie. Puis en 1701, le cimetière des cordiers de la Maladrie est abandonné, du moins à la lecture de l’acte suivant : « Décès de René Denis, cordier, 70 ans, de la Maladrie, inhumé au cimetière de Hénon ».
Mais l’histoire des cordiers ne s’arrête pas là. En 1702, une nouvelle famille s’établit à Hénon suite à une alliance peu banale : « 1702, mariage de Mathurin Rouleau, cordier, de la paroisse de Mohon, évêché de Saint-Malo, et Marguerite Denis, aussi cordière, de Hénon. Dispense de consanguinité accordée par le pape et les évêques de Saint-Malo et Saint-Brieuc ». Cette parenté entre un mari de Mohon et une épouse de Hénon peut surprendre mais on se mariait seulement entre cordiers et même à distance on finissait par être apparenté. La fille de ce jeune couple, Françoise Rouleau, va épouser Yves Denis, de Hillion, aussi cordier. Plusieurs générations de Rouleau vont perpétuer le métier de cordier, au moins jusqu’en 1861, année où Joseph Rouleau, cordier, est recensé avec sa famille à la Maladrie. Quand à la Caquinerie, elle est citée sous ce nom dans le recensement de 1851, après la Vallée, avec pour habitants un aubergiste et un sabotier. Finis les caquins. Puis les cordiers vont disparaître à leur tour. Seul le village de la Maladrie a conservé son nom pour rappeler toute cette histoire.
A part les châtelains qui ont une grande partie de leurs biens dans le pays (qui existent toujours aujourd'hui), à savoir Catuélan, le Colombier, la Niauvais, les Mézues, la Ville Chaperon, les Granges et le dernier construit Bellevue ; il y a peu de propriétaires. Ce qui créait une certaine « harmonie » selon notre Abbé qui trouvait « qu'il n'y avait pas cette jalousie tenace, cette haine de caste qui anime trop dans certaines localités les petits propriétaires contre les seigneurs » (la rhétorique marxiste employée par le religieux traduisant la peur qu'inspirait le communisme à l'Eglise à cette époque). Pour autant, l'Abbé Bourhy n'exagérait pas les bons rapports qu'entretenaient les châtelains de Hénon (qui vivaient d'ailleurs sur leurs terres) avec leurs fermiers. L'aide en cas de maladies, de mauvaises récoltes, de perte de bétail était courante (pas de hausse du prix de fermage par exemple).
Qu'en est-il de ces fermiers dont nous parlait l'Abbé Bourhy ?
Fermiers de père en fils (on en trouvait même qui étaient métayers à Couche Deux depuis 1689?), leurs fermes sont le plus souvent occupées par deux ou trois ménages qui vivaient sous le même toit et sous l'autorité du (ou de la) patriarche. Les conséquences économiques de ce modèle agricole étaient qu'il empêchait toute initiative privée, ce modèle reposant sur l'intérêt commun, et ne permit donc pas à l'agriculture hénonnaise de se développer qu'après la seconde guerre mondiale !
L'agriculture n'était pas, selon l'Abbé Bourhy, en progrès à Hénon car trop « esclave de la routine ». On ne pouvait se résoudre à faire autrement que les anciens, et cela même où la mécanisation se développait, mais dont l'on se méfiait ! Il y avait peu de nourriture pour les vaches (qui étaient pourtant ailleurs une source de revenus pour la ferme) dont l'élevage ne servait qu'à la production du beurre pour l'usage de la ferme. Les cochons étaient quant à eu peu engraissés, ils étaient vendus sur les foires entre 20 et 30 Kg.
Imposé plus que choisie, ce type d'agriculture, que l'on dénommera « vivrière », avait des conséquences également sur la démographie communale avec un grand nombre de célibataires et autant de couples en moins. D'autant, comme le disait l'Abbé Bourhy, qu'il fallait que quelqu'un « se dévoue pour faire une bonne maison ».
Leurs habitations ne se distinguaient pas par leur luxe ou par leur propreté. Loin de là même ! Il n'y avait en général qu'une pièce profonde, éclairée seulement par une fenêtre et par la porte (dont la partie supérieure était toujours ouverte et laissait « aux habitants de la basse cour » un passage dont ils usaient à l'excès !). Près du foyer se trouvait un bûcher à l'usage de la ménagère. De chaque côté de la cheminée, un banc avec dossier. Le reste du mobilier était rudimentaire : une table et deux bancs, quelques lits clos avec une « maie » devant.
Misérable l'agriculture hénonnaise ?
Ni plus ni moins que dans bien des communes semblables de l'époque, mais il y avait une tradition locale qui faisait pourtant la fierté de tous les paysans hénonnais : le cheval ! Le meilleur foin leur était réservé (à l'inverse du bétail), chaque année ils élevaient deux ou trois poulains (selon l'importance de leurs terres) et en tiraient ainsi une source de revenus.
Mais par-dessus tout, les chevaux étaient l'incarnation d'un certain orgueil paysan ! Qu'ils étaient fiers nos paysans hénonnais de conduire leurs attelages composés de trois ou quatre juments « potelées » à la ville (alors qu'une seule bête aurait pût traîner la « « charretée ») en faisant claquer avec noblesse leurs fouets. Convoquez un paysan hénonnais à un « charroi » gratuit, il s'y rendra volontiers parce qu'il aime à rendre service, mais aussi pour montrer la force de son attelage ! C'était en effet à la « bonne mine » de ses chevaux que l'on reconnaissait l'aisance et le savoir faire d'un cultivateur hénonnais?