Le Roncelet

La statue de Notre-Dame du Roncelet, dans le transept de l’église, est bien connue des Hénonnais. Mais dire d’où vient cette belle statue est moins évident. Le Roncelet, ou Roncelay, était une chapelle dédiée à la Vierge et à Saint-Laurent. Elle était située sur la route de la Mare, face à la Maison-Neuve, sur une parcelle qui s’appelle toujours Le Roncelet. Il n’en reste aujourd’hui que quelques tessons d’ardoises. Dans le cadastre napoléonien de 1808, elle est signalée comme « masure ». Un peuplier solitaire, au milieu de la parcelle, indique à peu près son emplacement.

En remontant le temps, nous découvrons que l’histoire du Roncelet se mêle à celle du village de Lyvillion. Les archives des seigneuries du XVIe siècle apportent quelques repères : « chemin de Lyvillion au Clos-Collet », « chemin du village de Lyvillion à la métairie des Jaunais ». Puis un acte de sépulture de 1639 arrive à point pour clarifier la situation : « Damoiselle Hélène Le Forestier décéda le 26e jour de décembre l’an 1639. Le lendemain son corps fut inhumé en la chapelle de Lyvillion, autrement dit du Roncelet, où était présent M. Le Forestier, sieur de Lyvillion ». Voilà qui est clair : Le Roncelet et Lyvillion, c’est le même village.

Une histoire qui remonde au moyen-âge

De 1639 à 1655, on relève huit autres actes de sépulture au Roncelet dont celui de Jean Le Marchand de la Hazaie et celui de Catherine Thomas de Cardreux. Le Roncelet servait de chapelle paroissiale. Ceci est confirmé par trois actes de mariage enregistrés à Quessoy : en 1616, mariage de Jean Baudet et Guillemette Couvé, en la chapelle du Roncelay ; les deux autres en 1621 et 1625. Vers 1660, le village de Lyvillion est habité par Georges Collas et René Le Hérissé. Ce dernier, né en 1642, est le fils de Jean Le Hérissé et Perrine de Beaurepère, qui se sont mariés à Plédran en 1641. René épouse Isabeau Morin et le jeune couple habite Lyvillion avant d’aller s’installer à la Mare.

Avec un document beaucoup plus ancien, remontons jusqu’au Moyen-âge. En 1427, une enquête pour la reformation des fouages (impôts par foyer) recense les chefs de famille par village ou par quartier. Pour Lyvillion, dix-sept noms sont retenus, parmi lesquels Eon Pilet et Thomin Pilet, Alain Verdes, Perrin Le Héricé et Jouhan Le Héricé. Ces noms évoquent bien le quartier, Croix-Pilet et Hôtel-Verdes, puis Lyvillion pour les Le Héricé qui habitaient déjà ce village. Seule l’orthographe a changé.

Il reste une question : quand ce village de Lyvillion ou Le Roncelet a-t-il pris son troisième nom, La Maison-Neuve ? Un acte notarié de 1758 nous met sur la voie. Il cite Demoiselle Catherine Le Hérissé demeurant à la « maison neuve du Roncelet ». On en conclut que le village doit son nom à une construction nouvelle pour l’époque. Signalons pour terminer qu’en 1791, dans une énumération des biens de la Mare, il est fait mention de « l’assemblée de Saint-Laurent, le 10e d’aoust, à la chapelle du Roncelet ». Ceci confirme que la chapelle est toujours là, en attendant son abandon à l’époque révolutionnaire.