Incendie dans la Sacristie

Comme tous les jours de l'année « le bedeau » Jean Clausse se rendit à l'église en ce dimanche du mois de mai 1947 pour sonner l'Angélus à cinq heures (heure solaire). En entrant dans l'église, il fut surpris de voir un nuage de fumée dans la nef. Intrigué, il remonta jusque dans le choeur. Ne voyant rien de suspect, il rentra dans la Sacristie. Et là, il s'aperçut que le grand meuble qui se trouvait au centre était en flammes !

En ouvrant la porte, il y eut un appel d'air qui activa le feu. Heureusement, en appelant aussitôt les pompiers, le feu fut maîtrisé assez rapidement. Il évita ainsi sa propagation. Mais hélas, tout ce qui servait à l'exercice du culte (dont les habits sacerdotaux) fut fortement endommagé voire détruit ! Plus question de célébrer la messe.

Des enfants de choeur responsables

D'ailleurs, à cette époque, il y avait trois offices le dimanche : un à 6h30, un à 10h à la Chapelle du Colombier et la « Grand Messe » à 10h (heure solaire). Dans les fermes la messe du matin était pour ceux qui étaient de « garde ». Ceux qui étaient de « Grand Messe » avaient quant à eux quartier libre tout l'après-midi.

Comment le feu s'était déclaré ? Un court-circuit ? Impossible ! En effet, il n'y avait pas encore d'électricité au bourg de Hénon, les premières maisons bénéficiant de l'électricité qu'à partir de 1948. Un acte de malveillance ? A cette époque la question ne se posait même pas ! Quelques jours après le sinistre, la Soeur Marguerite qui enseignait à l'école « des filles », interpella les deux enfants de choeur qui étaient de service la veille de l'incendie : « C'est de votre faute mes petits chenapans si le feu a pris dans la Sacristie ! »

Protestations et indignations des deux accusés qui nièrent bien évidemment. Pourquoi les avait-elle accusé eux en particulier ? Souvenez-vous, l'incident eut lieu en mai (« le mois de Marie ») et à cette époque, tous les soirs à l'église, il y avait une cérémonie en l'honneur de « la Vierge ». Les fidèles étaient alors bénies non seulement avec de l'eau bénite, mais également avec de l'encens (qui ne sert de nos jours que pour bénir le corps des défunts).

Toute une nuit de propagation

En effet, lors de la cérémonie les enfants de choeurs se rendaient à la Sacristie pour allumer le charbon que l'on mettait dans l'encensoir. Pour ce faire, on prenait un morceau de charbon qu'on tenait au dessus de la flamme d'une bougie pour que le feu prenne dedans (ce que firent chacun des deux enfants de choeur). Ainsi, en chahutant, ils ne se rendirent pas compte que le temps passait et que le recteur, l'Abbé Vaugarny, les attendaient. Il entra alors en trombe dans la Sacristie et cria : « Qu'est-ce que vous faites ? On vous attend ! Et pourquoi en avoir allumé deux ? Un seul suffit ! ».

Aussitôt, un morceau de charbon fut mis dans l'encensoir et l'autre remis dans sa boîte. Boîte remise dans la grande armoire sans avoir préalablement éteint ledit morceau de charbon ! Et c'est ainsi que le sinistre s'est propagé toute la nuit à « feu mort » au départ pour se développer le matin. Le recteur ne reprocha jamais aux enfants de choeur leur bêtise se sentant peut-être en partie responsable.

Mais au fait, qui était ces deux « chenapans » qu'accusa soeur Marguerite ? Après tout l'on peut les dénoncer maintenant puisqu'il y a prescription ? Et bien sachez que l'un deux était tout bonnement l'auteur de cet article ?