Les Hénonnais

Hénon a son bourg assez central, le sol y est généralement fertile. Il est argileux au nord et sablonneux au sud. La lande de Pélan, le belvédère de Catuélan et le plateau de la Braize procurent un splendide panorama et un immense horizon. D'ailleurs il est difficile de trouver une commune aussi riche que Hénon en paysages.

A la Ville Garel et à Fétabry, c'est la nature sauvage et solitaire avec ses landes et ses taillis et lorsque vous descendez des hauteurs du Port-Martin vers le bourg, votre regard embrasse plusieurs communes bien au-delà de Lamballe, sur des villages gracieusement étagés et animant ce vaste tableau.

Une bonne circulation de l'air

Les noms de famille les plus répandus dans la commune sont les suivants : Carlo, Rabet, Rio, Gibet, Davy, Hervé et Le Boulanger. Certaines de ces familles comme « les » Carlo, Rio, Corduan et Duros seraient venues d'Espagne en Bretagne à la fin du XVIème siècle sous l'administration du gouverneur de Bretagne, le Duc de Mercoeur.

La population est assez vigoureuse, très peu de personnes « mal nées » ou affligées d'infirmités précoces. On y vit très vieux, grâce sans doute à la bonne circulation de l'air, à la fortifiante alimentation et au peu d'usage que l'on fait de l'alcool.

Une population élégante

Pour l'habillement, le costume des hommes était d'une originalité de bon goût : souliers à boucles, culotte courte laissant voir les mollets rebondis, gilet avec double rang de boutons métalliques, grande veste à basques retombant sur les cuisses. Les cheveux retombant en boucles sur les épaules sous un large chapeau. Tout cela donnait aux vieillards la majesté de patriarches.

Les femmes, en général, sont fortes, elles ont la taille bien prise et élancée, les traits fins, l'aspect quelque peu langoureux et résigné ; leur costume est très modeste et leur coiffe ne manque pas d'une certaines élégance.

Un peuple à part

Hénon n'est pas peuplé par rapport à son étendue, la principale agglomération est le bourg qui compte environ trois cents habitants et se compose de maisons basses, « jetées » ça et là sans ordre. Par ailleurs, les villages ne comptent guère que cinq ou six ménages, et le plus souvent chaque ferme est isolée. Ce qui contribue à conserver aux gens leur esprit de grande simplicité et de droiture.

L'abbé Bourhy, dans son Histoire de Hénon, déplore qu'une partie de la paroisse, surtout le « Haut Hénon », ne fréquente pas les offices de la paroisse et s'en allait à Saint-Carreuc. Ce qui en faisait, selon lui, un peuple à part : « Peu religieux, plus violent, ricaneur et plus grossier » (on retrouve au travers des propos diffamatoires du religieux, les ferments de l'antagonisme entre laïcs et religieux qui conduira à cette époque notamment, à la laïcisation de l'enseignement et à la séparation de l'Eglise et de l'Etat).

Dans tout le « Haut Hénon », qui est étendu et peuplé (600 habitants), on ne trouve pas une « bonne soeur », ils ne fréquentent pas les écoles chrétiennes et ne participent pas aux oeuvres diocésaines. Les habitants du « Haut Hénon » vivent un peu à part, ils ne connaissent pas ou peu leurs contemporains du bourg et du « Bas Hénon ». D'ailleurs, beaucoup sont de petits propriétaires, ce qui leur donne une certaine liberté d'esprit contrairement au « Bas Hénon » où beaucoup sont fermiers sous noblesse. Et c'est, à n'en pas douter, cette liberté d'esprit que le religieux rejetait chez les habitants du « Haut Hénon » !