Un maire très impliqué...
La construction de l'église a eu lieu sous le Rectorat de M. Moisan et des vicaires Sourestre et Savourous, et sous la magistrature de M. Espivent de La Villesboinet, maire de Hénon. Ce dernier, ayant fait l'école des Beaux-Arts à Paris et possédant une grande connaissance en architecture, fut un maître d'ouvrage de tout premier ordre. Les autres acteurs principaux du projet furent Antoine Rio (des Prés Rio), trésorier comptable, M. Maignan, architecte, et M. Bellec, entrepreneur.
Quand il eut en main les nouveaux plans, M. Bellec eut des doutes sur la capacité de la commune à financer un tel édifice car il ne va pas sans dire que le prix n'était plus le même par rapport au projet initial. Pour le tranquilliser, les familles Catuélan et Lorgeril mirent ainsi leurs biens personnels en caution !
Le recteur M. Moisan, qui avait une « sainte » horreur des difficultés, s'affolait d'ailleurs pour la moindre chose qui n'allait pas droit, et sa seule façon de résoudre une question épineuse était de verser des « torrents de larmes » en compagnie de sa soeur Marie-Françoise. C'est donc peu dire qu'il était tout heureux de trouver chez le maire, en même temps que l'énergie qui lui manquait, un dévouement qui n'avait d'égal qu'une inépuisable générosité.
La pierre fournie gratuitement
Le montant estimé pour le gros oeuvre (maçonnerie, charpente et couverture) était d'environ 234 000 fr couvert en partie par un don exceptionnel de 80 000 fr de la famille Catuélan. Lorsque la construction de l'église fut terminée, il restait une somme de 50 000 fr à régler. La fabrique et la commune s'entendirent pour acquitter cette dette par le recours à un emprunt (emprunt soldé en dix ans soit en fin d'année 1890).
Tous les matériaux ainsi que les charrois devaient quant à eux être fournis par la commune. Pour les pierres de taille, une carrière de granit existait aux Grands Moulins près de Moncontour. Pour faire réaliser des économies à sa commune, le maire invita à déjeuner M. Hervé, propriétaire de la carrière des Grands Moulins, ainsi que M. Mouesan de Cocolin en Plémy, qui possédait également une carrière de moellons.
Au cours du repas il parla du projet de construction d'une église sans trop entrer dans les détails sur l'importance de l'édifice. Après de joyeuses « libations », ils acceptèrent de fournir gratuitement la pierre ! Ils signèrent d'ailleurs par la suite un acte notarié certifiant le principe de gratuité. M. Hervé devait imaginer une église d'une grandeur semblable à celle brûlée. Toujours est-il qu'au bout d'un certain temps, voyant le « trou » dans sa carrière, il osa réclamer une indemnité qui lui fut fort logiquement refusée. Tout ce qu'il obtint fut une place de choix dans la future église, à savoir une chaise en haut de la nef près du choeur. Par ailleurs, la carrière de ce dernier fut si mal exploitée, qu'elle fut abandonnée progressivement faute d'avoir évolué...
La famille Catuélan généreuse
Pour le sable, il existait plusieurs sites sur Hénon pour en extraire (la Ville Garel, le Tertre es Lys, le Port Martin). Le mortier (à base de chaux) pour la maçonnerie provenait, quant à lui, des fours de Cartravers en la Harmoye. Pour les charrois, tous les cultivateurs qui possédaient un attelage étaient sollicités, et en premier lieu les fermiers des châtelains.
Tout le granit était déposé dans un champ qui se trouvait en face de la salle Cézembre aujourd'hui. C'était là que les tailleurs de pierres leur donnaient forme selon les recommandations de l'Architecte. Une forge fut même installée dans un bâtiment qui appartenait à la famille Catuélan, dans lequel M. le Maire rangeait sa calèche pendant l'office et son travail à la mairie.
Enfin, le « nouveau » cimetière dont les premières inhumations eurent lieu fin 1876, ne fut clos que dans les années 1893-1894 seulement. Soit 18 ans après sa bénédiction ! La construction des mûrs coûtera quant à elle près de 6 000 fr, payés par la commune.