De la polémique de la Chapelle Saint-Anne...
C'est le 8 octobre 1876 qu'eut lieu la première inhumation dans le cimetière actuel. Il est d'ailleurs à remarquer que pendant plusieurs semaines il n'y eut aucun décès sur la commune. Personne, semble-t-il, ne souhaitait « l'étrenner ». Ce fut Mademoiselle Loncle des Alleux qui eut cet « honneur ».
Avant de commencer la nouvelle église, il fallait démolir ce qui restait de l'ancienne. La grande partie des pierres fut ainsi employée dans les fondations. De larges canaux construits en pierres sèches recevaient quant à eux les eaux de pluie.
Profitons de ce rappel à l'ancienne église pour évoquer l'église qui aurait existé à la Croix d'Aval. En effet, on ne retrouve aucun écrit, même sur les registres paroissiaux remontant jusqu'au XVIème siècle. Pourtant, quelques indices nous laissent penser qu'elle aurait bien existé. Tout d'abord, la « fontaine du recteur » (cette dernière supprimée dans les années 1960) se trouvait sur la route de Moncontour à environ 80 mètres après la croix. D'après Vincent Ruellan, figure très connue à Hénon, ses parents en creusant pour les fondations de leur maison (à côté de la croix) trouvèrent des ossements. Or, il était courant que les cimetières se trouvaient aux abords des lieux de culte. D'autant que dans le champ où se trouvait encore il y a peu la pharmacie (propriété de la famille Hervé de la Salle en Hénon), un buste de Saint-Gobérien aurait été mis à jour (ce dernier se trouvait encore à la fin du siècle dernier chez les frères Davy).
Une superficie importante
Cette digression ouvrant à de futures recherches terminée, revenons à notre « nouvelle » église. Des maçons de Hénon ont travaillé à l'édification de l'église : les entreprises Berthelot du Beaucadalu et Corbin du bourg. Celles-ci « montaient » les mûrs de millons (maçonnerie ordinaire), tout ce qui relevait de l'aspect architectural étant assuré par l'entreprise de maçonnerie Bellec. Ces artistes étaient essentiellement des italiens qui logeaient à la « Basse Ville » rue des Près Rio (bâtiment qui fut acheté par la suite par la famille de Roger Hervé).
La longueur totale de l'édifice est de 52 mètres intérieur sans les sacristies (ces dernières ont un « développement » de 53 mètres). La largeur au niveau du transept est de 27 mètres et la hauteur extérieure de la corniche est de 15,90 mètres. La surface de l'édifice est donc considérable puisque sans la sacristie elle atteint 828 m² ! La hauteur totale de la tour quant à elle est (en dessous du coq) de 50 mètres !
Le gigantisme caractérise l'église de Hénon et impose son rayonnement aux autres communes. La statue de Saint-Pierre qui domine le chevet de l'église en est l'illustration, car selon l'Abbé Bourhy, son bras tendu vers Moncontour, devait « empêcher les habitants se trouvant à l'étroit dans leurs remparts de s'accaparer les villages les bordants », rappelant ainsi la lutte entre la conservatrice Hénon et sa rivale républicaine qu'était Moncontour.
Par ailleurs, si les proportions de l'église impressionnent, les délais pour sa construction sont eux aussi remarquables ! En effet quatre ans après sa mise en chantier l'église était terminée et fut consacrée par Monseigneur David, évêque de Saint-Brieuc, en 1881 ! Néanmoins, si les paroissiens étaient à l'abri pour les offices, l' « habillage » de l'église se fit petit à petit au gré des dons et des moyens de la « fabrique ». Ainsi, les vitraux en 1887 (sur lesquels on peut lire les noms des donateurs), trois cloches en 1891, la chaire en 1894, l'horloge en 1894, le chemin de Croix en 1897, vinrent « habiller » l'église.
Des relations tendues
L'agrandissement du maître hôtel quant à lui avait pour but « d'abolir » un privilège selon l'Abbé Bourhy. En effet, ce dernier trouvait trop majestueuse la chapelle Saint-Anne dans l'architecture de l'église comparativement à l'ancien maître hôtel. L'Abbé Bourhy y voyait même l'expression de la main mise et des privilèges que s'accordait le maire de l'époque sur « son église ! ». Le religieux ne devait toutefois pas oublier que sans la volonté, la pugnacité et l'aide financière du maire de l'époque, jamais il n'aurait pu célébrer ses offices dans un tel édifice !
On imagine facilement que les relations entre le maire et l'Abbé Bourhy étaient tendues. Le religieux reprochait d'ailleurs à l'aristocratie hénonnaise « d'habiter des sphères supérieurs et de vivre de souvenirs » et qu'elle « laisse trop percer sa tendance à une domination hautaine que l'état d'esprit actuel n'accepte pas ». L'expression de cette « domination » se retrouvant dans l'église dans la disposition des « pries-dieu » du haut de la nef pour les riches donateurs vers le bas de l'église pour les indigents ou par la classification des cérémonies (baptêmes, mariages ou obsèques) en 1ères, 2èmes et 3èmes classes.
En fait, l'Abbé Bourhy regrettait surtout que toute discussion au sujet de l'église avec le maire était impossible au risque pour lui de passer « pour un esprit révolutionnaire » ce qui au regard de son aversion pour les moeurs des habitants du Haut Hénon, de Saint-Carreuc et de Moncontour pouvait paraître selon lui une hérésie.